Sports Auvergne n°78

Edito de Charles VIGIER

 AVANT-MATCH

 Ce qui revient en premier, c'est le bruit des crampons sur le carrelage martyrisé par le temps et les émotions. Puis l'odeur de la crème chauffante dont les anciens se frottaient les cuisses, comme un talisman pour se prémunir des claquages et des élongations. Et enfin, cet instant à la fois banal et solennel où on allait chercher son maillot au fond d'un bac, qui avait été lavé avec soin par une épouse, une mère, une sœur... c'était son tour. 

On se tenait à onze, douze, treize, quatorze bonhommes les jours d'abondance dans une pièce faite pour en accueillir huit. Dehors, c'était un froid de mars au pied des volcans, qui allait nous cueillir et nous donner l'envie de courir, pour mieux se réchauffer. Cela faisait deux mois qu'on ne pouvait pas jouer au foot, le gel et la neige en avaient décidé autrement. 

Une grande gueule, car il en faut bien une, allait nous asséner quelques phrases bien rodées pour nous motiver avant la bataille. Nous n'étions pas les meilleurs, loin s'en faut, mais nous étions là. C'était la seule chose qui comptait. On allait peut-être en prendre cinq, nous allions sans doute passer notre temps à écouter notre libéro hurler "sortez" à chaque fois qu'il dégageait tant bien que mal le ballon en plein milieu d'une flaque de boue glaciale, mais nous étions là. Et c'était la seule chose qui comptait. Sports Auvergne vous propose une plongée dans ce football amateur et rural, ce ballon d'Auvergne qui souffre de l'évolution du monde, mais qui résiste, avec nous à ses côtés. Car il est encore là, et c'est la seule chose qui compte. Bon voyage dans le foot de chez nous.