Clermont des années 80

Le sentiment de liberté, né dans les années 70, trace sa route dans la décennie suivante, escorté par la technologie en plein boom. Le numérique appuie sur l’accélérateur. Le téléphone mobile s’installe chez monsieur Tout-le-monde. Les caméscopes filment sans distinctions les grimaces de ceux qui passent par là. Et les jeux vidéo commencent à rivaliser sérieusement avec la balade dominicale délaissée au profit du canapé du salon. Les sauts de Mario Bros sur les champignons magiques, plus rigolos que le ramassage des cèpes en forêt ? CQFD !

Côté musique, c’est la prise de la Bastille. Le disque compact révolutionne la société et le clip vidéo met des images sur le moonwalk de Michael Jackson ou les prouesses
scéniques de Madonna. Les vinyles « à la papa » auraient-ils du plomb dans le sillon ? L’avenir le dira. La jeunesse des « eighties » semble avoir tout pour être heureuse, bercée par les « Vertiges de l’amour » de Bashung et « La Boum » avec Sophie Marceau. Le fluo est de tous les goûts, bons ou mauvais. L’excentrique en deviendrait presque la norme. La provoc’, la meilleure façon de marcher. On n’est pas loin de « l’éclate ». Mais l’euphorie perd des couleurs quand le SIDA, qui rode en sourdine, sort les griffes de l’épidémie, en 1981, affectant par milliers la population qui ne s’y attendait pas.

Et pendant ce temps-là ? Clermont n’échappe à rien. Ni au goût de la liberté, ni à celui de l’ouverture, avec la construction d’autoroutes qui lui prédisent un désenclavement rapide et durable. Ni à l’accélération de la technologie qui bénéficie à des centaines de foyers de plus en plus équipés, de mieux en mieux soignés. Et encore moins à la hausse du chômage et à la montée de l’inflation. Désillusion ! La crise économique est installée. Elle sonne le glas du local de l’étape, Valéry Giscard d’Estaing, détrôné par François Mitterrand, en 1981. Le premier président socialiste de la Ve République est à l’Elysée. Dans la capitale auvergnate, les Bibs sont dans la rue. Les étudiants aussi. Et les routiers, amassés sur les ronds-points, sont moins sympas.

Heureusement, il y a le sport. Fignon, Hinault et Longo sont au sommet. Du puy de Dôme bien sûr. Noah, Leconte et Forget font un passage remarqué à Clermont pour
une coupe Davis événement. Et la culture ! Le court métrage aura désormais son festival à Clermont. Et la fête de la musique, bébé de Jack Lang, s’installera durablement à tous les coins de rues, chaque été revenu.

Les années 80 laisseront leurs traces.