La Rep' Entreprendre n°8

Edito de Magali Saint-Genès

L’industrie plastique face à une pression inédite

Le paradoxe est grandissant. Le plastique a de plus en plus mauvaise réputation mais son essor se poursuit à un rythme soutenu. 

D’un côté, sa cote ne cesse de se dévaloriser auprès des consommateurs. La pression des associations de défense de l’environnement s’accroît. Les images d’un septième continent, amas flottant de déchets plastiques dans les océans, tournent en boucle sur les réseaux sociaux, sensibilisant peu à peu l’opinion publique à une nécessaire prise de conscience.

De l’autre côté, la production mondiale a quasiment triplé en vingt-cinq ans et a été multipliée par 200 depuis 1950. Date qui marque les débuts florissants du plastique. Pour la seule année 2017, la production a augmenté de 3,4 % en Europe et de 7,8 % en France, selon PlasticsEurope qui défend l’intérêt de la filière.

Le plastique présente bien des avantages : légèreté, robustesse, rentabilité, protection du produit… Les secteurs de l’automobile, du bâtiment, des équipements électriques et électroniques mais surtout, et de loin devant ces trois domaines, les emballages, particulièrement dans l’agroalimentaire, ont largement recours à cette matière.

Et ce serait aller d’un extrême à l’autre que de vouloir bannir purement et simplement le plastique de notre vie quotidienne... en condamnant tout un pan de l’économie. En région Centre-Val de Loire, la plasturgie représente quelque 180 entreprises, un peu plus de 8.000 salariés et plus de deux milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Les industriels sont bien conscients de la menace sur leur filière et des attentes. Beaucoup d’entreprises, comme PDG Plastiques dans le Loiret, n’ont d’ailleurs pas attendu la loi EGAlim ou le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire pour s’en préoccuper. 

Développement de nouveaux procédés, utilisation de matière plastique recyclée sont quelques exemples.

Le recours au plastique biosourcé, substitut au pétrochimique, est une autre piste. La Laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel vient d’ailleurs d’opter pour la Tetra Brik élaborée à partir de résidus de canne à sucre, garantissant ainsi les propriétés de conservation, notamment pour le lait, tout en diminuant l’empreinte carbone de 22 % par rapport au modèle standard. Le taux de matériaux renouvelables utilisés passe ainsi de 73 à 85 %.

Mais la matière recyclée manque, ouvrant la voie à de formidables perspectives de recherche et de développement. La filière du recyclage doit s’améliorer et se développer. Et comme le souligne Olivier Perrier, président régional Centre-Val de Loire de Plasti Ouest, « des filières exemplaires peuvent se mettre en place. L’économie du plastique peut devenir une économie circulaire et vertueuse, créatrice d’emplois ».

D’immenses défis à relever pour entrer dans une nouvelle ère du plastique…